20 octobre 2025
Ça ne vous a sans doute pas échappé : chaque semaine, l’actualité sportive est systématiquement monopolisée par 22 gars qui courent après un ballon pour des millions. Oui, avec le basket, le tennis, l’athlétisme et quelques autres sports à stars, le football est toujours à la Une de l’actu, ne laissant que quelques miettes médiatiques à d’autres disciplines sportives qui mériteraient pourtant davantage de lumière ! Et justement, je vous propose aujourd’hui de braquer les projecteurs de cet édito sur l’une d’entre elles qui, curieusement, a réussi ces derniers jours à faire parler un tout petit peu d’elle, l’alpinisme.
Hasard du calendrier ou pas, tous les regards des passionnés des hautes altitudes étaient tournés la semaine passée en direction de l’Himalaya… Et pour cause, de manière quasi concomitante, on a appris trois événements d’importance

Mercredi 15 octobre tout d’abord, à 13h40, les alpinistes français Benjamin Védrines et Nicolas Jean réussissaient la première ascension mondiale du Jannu Est, en style alpin pur, sans oxygène, sans corde fixe et sans porteurs d’altitude, après avoir dû renoncer l’année précédente lors d’une première tentative. Culminant à 7 468 m, ce sommet mythique de l'Himalaya népalais, n’avait encore jamais été gravi malgré de très nombreuses expéditions à l'issue parfois dramatique.

Le même jour, autre performance historique sur les sommets : l'athlète américain Jim Morrison, 50 ans, devenait le premier homme à descendre à ski la face nord de l’Everest (8 848 m), en empruntant la redoutable combinaison des couloirs Hornbein et Japonais. Là où avait disparu tragiquement en 2002 le snowboardeur français Marco Siffredi, créant par là-même la légende autour de cet itinéraire d’une extrême difficulté. Après six semaines et demie d’expédition et une ascension finale exténuante, Jim Morrison a atteint le sommet à 12h45 avant d’entamer une descente de plus de 2 700 mètres de dénivelé sur une pente glacée de 50 degrés, considérée comme la plus audacieuse de toute l’histoire du ski.

Enfin, le lendemain, jeudi 16 octobre, on apprenait la mort à l'âge de 92 ans de Kanchha Sherpa, dernier survivant de l'expédition ayant atteint le sommet de l'Everest pour la première fois, c’était le 29 mai 1953 à 8 848 m d’altitude. À l’époque, le jeune Kanchha, 19 ans, avait été engagé comme porteur et s’était retrouvé dans la fameuse « zone de la mort » -c’est à dire au-dessus de 8 000 m d'altitude - sans aucune expérience préalable en matière d'alpinisme.
Deux exploits au sommet donc, et le décès d’une figure marquante de la haute altitude.
Trois événements qui nous offrent un bon résumé de ce qu’est l’alpinisme : une prise de risque totale, un dépassement de soi - qui dépasse souvent l’entendement -, des défis complètement fous pour conquérir les hauteurs et bien souvent des larmes. De tristesse quand on perd un camarade de cordée, englouti par la montagne, mais aussi de fatigue et de joie comme celle de Benjamin Védrines au sommet du Jannu Est.
Mais pourquoi font-ils de l’alpinisme ? Quelles sont les raisons qui poussent ces hommes et ces femmes à se lancer dans ces ascensions vertigineuses où le moindre faux pas peut entraîner la mort et où l’on reste dépendant des humeurs de la nature ? J’ai trouvé quelques éléments de réponse, à nouveau avec Benjamin Védrines. Après son exploit, l’alpiniste confiait avoir versé sa petite larme au sommet. C’était pour lui, je cite, "une délivrance". "C’était fort, vrai, simple. Là-haut, j’ai senti que cette ascension allait changer ma vie d’alpiniste. Tout ce qu’on avait fait jusque-là menait à ce moment" fin de citation. Pourtant, l’ascension n’a pas été sans difficulté comme il nous l’explique.
"C’était très douloureux, c’était pas facile. On a eu froid. Là-haut, il faisait - 20, - 25° environ. Et puis on a eu des peurs aussi évidemment et voilà, de réussir ce sommet au final, ça a été une grosse consécration. Ça a été un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire d’alpiniste et d’homme, parce que j’ai ressenti une émotion particulière là-haut. Quand on est les premiers à fouler une cime vierge et quand on s’est autant entraîné… tous les souvenirs des copains disparus aussi ont ressurgi… La passion pour l’alpinisme que j'ai a été exacerbée et presque, ça a répondu à la question "pourquoi je fais de l’alpinisme ?" Là, j’étais dans une posture de dire que j’avais toutes les raisons d’aimer l’alpinisme."
"J’avais toutes les raisons d’aimer l’alpinisme" : cette déclaration d’amour résonne fort quand on connaît les difficultés extrêmes et les risques que comporte cette discipline. Et forcément pour ceux qui me connaissent, ces paroles de Benjamin Védrines ont trouvé en moi un écho particulier. Car l’alpinisme, après tout, n’est-il pas une belle image de la vie chrétienne et de la foi en Jésus ? Croire en lui, n’est-ce pas emprunter ce chemin étroit, resserré, escarpé qui mène au ciel, à cette consécration finale, au paradis ? Sur cette route longue et périlleuse, on rencontre la peur du vide, les larmes, les doutes et les dangers, on perd parfois des amis… il faut faire confiance, ne pas se décourager, persévérer, et aussi savoir avancer en équipe… Croire en Jésus peut certes comporter des risques, dans certains pays plus que dans d’autres il faut le dire, mais quelle joie, quel bonheur et quel sentiment de plénitude de pouvoir marcher avec Jésus. Il est le meilleur des guides, celui qui ne nous laisse jamais tomber et peut nous préserver de toutes chutes. "Dieu rend mes pieds aussi agiles que ceux des gazelles, et il me fait tenir debout sur les hauteurs (...) Mes pieds ne trébuchent pas", chantait David dans son célèbre Cantique de délivrance. "Délivrance" : encore un mot qu’utilisait tout à l’heure Benjamin Védrines pour qualifier ce qu’il a ressenti au sommet… Là-haut, sur les hauteurs, au terme de l’ascension, "se dissipe l’ombre et se taisent les soucis", comme le chante magnifiquement notre amie Louise Zbinden dans une véritable déclaration d’amour qu’elle adresse à Jésus, son sauveur, dans l’attente de ce jour où elle sera réunie avec lui dans le Ciel.
Pour elle, comme pour nous d’ailleurs, l’ascension n’est pas encore terminée et il nous faudra persévérer. Mon édito, lui par contre, touche à sa fin. Il y aurait encore bien sûr beaucoup à dire sur ces montagnes, reflet de la grandeur majestueuse du Créateur. On aurait pu aussi rappeler que grimper sur les hauteurs, c’est prendre du temps pour s’approcher de Dieu, et évoquer également cette demande audacieuse qu’a faite un jour un homme dans la Bible - "Donne-moi cette montagne" - mais puisqu’on est à plus de 8 000 mètres d’altitude, là où l'air est le plus pur, je terminerai simplement avec cette parole de Jésus extraite de son fameux discours… sur la montagne : "Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !"
Très bonne semaine à tous !